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Pourquoi vos métadonnées musicales sont aussi importantes que votre musique

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Pourquoi s’investir autant dans la création et la production d’œuvres musicales et les laisser ensuite devenir graduellement invisibles sur le Web, une fois la campagne de promotion terminée ? Pourquoi laisser aux plateformes technologiques le soin d’identifier et de catégoriser les œuvres ? Pourquoi s’insurger d’une part contre la copie illégale et de l’autre, diffuser des fichiers audio sans données détaillées sur les créateurs et les détenteurs des droits ?

Ces questions surgissent depuis que je contribue à des projets de valorisation de métadonnées dans le domaine de la culture. Ce sont également des enjeux vitaux pour la présence numérique de la musique créée et produite au Québec, Ce sont ces même raisons qui m’amenaient à assister à la présentation de Jean-Robert Bisaillon, lors du MusiQClab du 28 janvier dernier, à Montréal.

Jean-Robert Bisaillon, présentation de TGiT (Tag ta musique), 28 janvier 2016

Jean-Robert Bisaillon, présentation de TGiT (Tag ta musique), 28 janvier 2016

Attribution des contenus et distribution des revenus

Jean-Robert a présenté TGiT, un outil d’indexation de contenus musicaux qui facilite l’attribution de métadonnées détaillées à une oeuvre et permet de les encapsuler dans le fichier MP3 ou FLAC. Une métadonnée est ce qui permet de qualifier une donnée. Par exemple, des métadonnées comme « auteur », « artiste principal » ou « contributeur » doivent être attribuée à un nom de personne afin d’en préciser la signification parmi un ensemble de données. Ces métadonnées et leurs informations correspondantes constituent la description détaillée d’une oeuvre, de ceux qui ont contribué à sa création et de ses droits d’utilisation. Le projet central de TGiT est la constitution d’une liste de métadonnées qui s’appuient sur des normes et standards reconnus et qui sont essentielles à la description d’une oeuvre et de ses contributeurs.

Alors que les supports physiques se font rares, trop nombreux sont les fichiers audio (même ceux acquis légalement) qui ne comportent qu’un minimum d’information, le titre et l’artiste principal, nous empêchant alors de retracer le lieu de création ou du concert, d’identifier le son particulier d’un musicien et surtout, de relier l’oeuvre en question à d’autres œuvres, par leurs contributeurs, le genre de musique, et tout autre élément contextuel (lieu, date, événement).  Le projet de Jean-Robert n’est pas de vendre un logiciel, mais de nous amener à maîtriser et à valoriser les métadonnées de nos contenus culturels. Pour entrevoir l’importance des enjeux culturels et économiques des métadonnées, il suffit de visionner cette autre présentation sur les standards d’indexation musicale pour constater que les puissantes organisations de l’industrie, principalement aux États-Unis, sont déjà en position pour contrôler et exploiter des métadonnées, ainsi que les données générées par les consommateurs de musique.

Plus d’info sur une vieille pochette de disque qu’en ligne

À l’époque du disque vinyle, il semblait plus important qu’aujourd’hui de fournir une information détaillée sur les créateurs et contributeurs d’un album, sur le studio d’enregistrement, sur les paroles des chansons et même sur le design de la pochette. À présent que les contenus sont dématérialisés, seuls les boîtiers de CD contiennent ses informations qui sont les traces du travail de création et des compétences techniques à l’origine de l’oeuvre. Le contenu musical, dématérialisé en fichiers audio ne comporte que très rarement ces données qui permettent de relier des œuvres entre elles, tracer leur usage et rétribuer équitablement les ayant-droits.

Maîtriser ses données musicales: 9 bonnes raisons

À quoi servent les métadonnées ? À faire rayonner une oeuvre dans le Web, à provoquer la rencontre entre l’offre et la demande, à se trouver sur le parcours des internautes dans un format et un contexte spécifique; mais plus précisément à assurer l’efficacité et le rendement de stratégies et dispositifs numériques :

  • Traçabilité des œuvres et des usages (modèles de perception/répartition des droits de propriété intellectuelle).
  • Accroissement de la capacité de recherche et de découverte par des applications.
  • Visibilité accrue des catalogues et collections numérisées sur Internet.
  • Facilitation de la production, gestion et exploitation d’une information intelligente.
  • Meilleure organisation des ressources numériques.
  • Interopérabilité des systèmes pour l’échange de données.
  • Identification numérique (identifiant unique au sein de registres mondiaux normalisés comme ISNI, VIAF pour les personnes et entités et comme ISTC pour les œuvres textuelles).
  • Archivage et préservation (pérennité de l’information sur le contenu et son cycle de vie).
  • Décentralisation de l’information (rester maître de son contenu tout en favorisant l’enrichissement des données existantes par les données d’utilisation et l’information produite par les fans, les chercheurs et autres acteurs de l’écosystème).

Alors que je me préparais à assister au Sommet sur la découvrabilité, j’écrivais ceci dans un billet: « Ne pas être préoccupé de la présence et de la visibilité des contenus des industries culturelles et créatives sur le web, c’est, pour une institution: attendre d’être obsolète ou, pour une entreprise : être bientôt ou déjà mise hors jeu par les grands intermédiaires technologiques. Mais dans tous les cas de figure, c’est être les grandes perdantes de la guerre que se livrent les grandes plateformes pour occuper nos écrans et promouvoir les contenus qu’elles ont sélectionnés en fonction de leur stratégie. Cette stratégie repose fondamentalement le transfert de la création de valeur, du produit à la plateforme. ». Cela s’applique également aux créateurs, artisans et entrepreneurs du domaine de la musique.

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