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Les quotas francophones sur les ondes

Les quotas francophones en France

En France, on a souvent considéré la musique francophone un peu ringarde. Certes, nous n’avons pas été aidé par certains chanteurs, mais de là à dénigrer complètement la musique dès qu’un mot est posé en français… La loi a imposé un système de quotas de musique francophone sur les ondes. Ces quotas sont remis en question par les grandes radios françaises qui considèrent que la production et la qualité de la musique francophone sont en chutes libres. Je m’insurge contre ce point de vue et je vais tenter de vous expliquer pourquoi?

Il faut admettre que le Hip-Hop a rendu ces lettres de noblesse à la musique francophone. À la fin des années 80, nous n’avions que peu de choix pour les amoureux de la langue française. L’avènement du hip hop a redonné confiance en notre capacité à nous exprimer correctement avec talent et surtout dans plusieurs styles.
Il faut être honnête, ce n’est pas pour autant que les radios diffusaient plus de francophonie sur leurs ondes.

Les contestations des radios

Le 1er février 1994, la loi française a imposé aux radios de diffuser 40 % de musique francophone sur leurs ondes et ce, à partir de janvier 1996. Contrôlées mensuellement, ces dernières ne pouvaient difficilement déroger à la règle, sous peine de lourdes sanctions.

Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, les grandes radios n’ont cessé de la remettre en question, la considérant comme interventionniste voire même liberticide. Constamment, elles ont cherché à contourner le texte, en diffusant les chansons francophones à des heures de faibles écoutes (la nuit, les week-end…).

Nous connaissons tous l’impact d’intégrer les playlists de ces radios sur la notoriété. En chantant en français, nous savons déjà que nous ne nous battrons pas à armes égales. Les grandes stations se tournent en priorité vers les artistes francophones signés en majors et les diffusent jusqu’à plus de 10 fois par jour. Les quotas sont remplis et tout le monde est content.

NRJIl y a quelques semaines, une grosse polémique a éclaté, suite à la diffusion d’un communiqué des grandes radios, souhaitant remettre en cause le système de quotas. Le slogan était « A la radio j’écoute ce que je veux » et elles ont demandé à leurs auditeurs de faire sauter le standard téléphonique du ministère de la culture et du premier ministre en appelant et en criant ce fameux slogan.

Si cette phrase est géniale, venant de ces radios elle sonne faux. Non, nous n’écoutons pas ce que nous voulons sur NRJ, RTL2 et d’autres… Nous écoutons ce que les publicitaires décident, car le modèle économique de ces radios étant basé sur la pub, les grandes marques peuvent décider de ce qui sera diffusé. Les radios vous diront que ce n’est pas vrai, qu’elles sont indépendantes dans les choix de programmation, mais en réalité face à l’argent, nous ne sommes absolument pas indépendants…

Je me suis insurgé contre cette campagne, car elle piétine allègrement ce qui fait la richesse de la musique francophone : sa diversité. Lorsqu’on surfe sur le web, on découvre pléthore d’artistes nettement meilleurs que ce qui est diffusé.

Les radios mettaient en avant l’appauvrissement de la production francophone, ce qui ne permettait pas, selon elles, de remplir les quotas. Mais si les programmateurs prenaient la peine de fouiller un peu, ils verraient qu’ils pourraient diffuser 3 ou 4 fois plus de chansons francophones, en y intégrant régulièrement des nouveautés produites pars des artistes ou des labels indépendants, et de ce fait les radios redeviendraient des vrais vecteurs de découvertes.

Radio ou web?

De ce que j’ai pu lire, vous rencontrez les mêmes difficultés au Québec, avec le souci supplémentaire que l’anglophone est prédominant. Évidemment, et si les choses ne changent pas, les quotas francophones au Québec sont plus élevés qu’en France à 65% dont 55% en heures à haute écoute.

Ces quotas permettent aux francophones d’intégrer des canaux de diffusion réellement impactant pour la notoriété de nos projets. Les retirer, voire même les abaisser, nous ramènerait à une forme de clandestinité, qui, pour le coup, appauvrirait sérieusement les productions francophones.

Sans ces fameux quotas, mon groupe n’aurait jamais été diffusé sur les plus grandes radios françaises. Ces diffusions nous ont permis d’organiser une tournée à travers tout le pays et de vendre plus d’un millier de supports physiques, ce qui pour un groupe indépendant en France, est plutôt un bon résultat, compte tenu de la difficulté du secteur.

Je n’écoute quasiment plus la radio et me tourne systématiquement vers le web. Aujourd’hui je peux donc dire avec force : Sur le Web, j’écoute ce que je veux!

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